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17 August 2009

Les Observateurs: À un an de la Coupe du monde, les bidonvilles sud-africains se réveillent

http://observers.france24.com/fr/content/20090723-bidonvilles-sud-africains-reveillent-coupe-monde

À un an de la Coupe du monde, les bidonvilles sud-africains se réveillent

Des manifestations pour dénoncer les conditions de vie dans les bidonvilles d’Afrique du Sud ont mal tourné mercredi. A un an de la Coupe du monde, organisée dans ce pays, le gouvernement a de quoi s’inquiéter.

Des heurts ont éclatés le 22 juillet dans des bidonvilles de Johannesburg, du Cape et de la région de Mpumalanga, au nord-est du pays. Les habitants demandaient de meilleurs services publics, notamment la mise en place de l’eau courante, de toilettes, ainsi qu’une meilleure prise en charge des chômeurs. Ces émeutes n’ont pas fait de mort. Les autorités se souviennent toutefois que des incidents similaires, l’an dernier, avaient fait près de 70 morts – les habitants de bidonvilles s’en étaient pris à des ressortissants de pays limitrophes.

Cette crise intervient deux mois après l’élection du leader de l’ANC, Jacob Zuma, à la tête de l’Etat, sur la promesse d’améliorer les conditions de vie des pauvres. Depuis cette élection, toutefois, le pays est entré dans la pire récession depuis 17 ans. Une crise économique particulièrement dure dans ce pays où plus d’un million de personnes vivent dans des bidonvilles et où le taux de chômage est de 23 %.

Les habitants des townships sud-africains se disent choqués que le gouvernement rechigne à les aider alors qu’il compte dépenser 100 millions d’euros pour l’organisation l’an prochain de la Coupe de monde de football. Les autorités doivent quant à elles s’inquiéter de ces accès de violence qui, s’ils continuaient, pourraient dissuader certains des 500 000 étrangers attendus dans le pays pour l’événement.

Sbu Zikode

“Il serait dans l’intérêt du gouvernement d’impressionner les étrangers en améliorant les conditions de vie des pauvres de ce pays”

S’bu Zikode, 34 ans, est un ancien pompiste. Il habite dans le bidonville de Kennedy Road, dans les environs de Durban, où s’entassent 7 000 personnes. Licencié en 2006, il préside aujourd’hui Abahlali, un mouvement pacifiste sud-africain d’habitants de bidonvilles qui fait partie du réseau national The Poor People’s Alliance.

Là où nous vivons, il n’y a ni ramassage d’ordures ni routes. Les gens meurent régulièrement dans des incendies. Le taux de chômage est très élevé. Dans certains bidonvilles, il y a un ou deux robinets d’eau pour plus de 10 000 personnes. En moyenne, il y en a cinq par township. Les toilettes sont de simples fosses sans chasse d’eau et il en existe généralement une seule pour 5 000 personnes. Les gens sont contraints de faire leurs besoins dans les buissons. Le gouvernement veut même nous chasser des taudis dans lesquels nous vivons et vendre les terres au plus offrant, notamment pour construire des centres commerciaux.

La plupart de ceux qui travaillent sont domestiques chez les riches ou vendeurs ambulants. Les autres sont au chômage et finissent par monter un petit business dans le bidonville.

Nous voulons simplement que le gouvernement nous parle, qu’il nous écoute. Nos leaders semblent penser que nous n’avons pas le droit de protester. Les autorités incitent à des comportements violents en faisant des promesses qu’elles ne tiennent pas, puis en réprimant nos communautés pour les empêchent de protester ! Les gens ont l’impression qu’ils n’ont pas le choix. Le premier réflexe est de discuter avec le gouvernement. Mais lorsque ce dernier refuse de les écouter, ils descendent dans les rues. Aucun humain ne recours à la violence s’il n’est pas poussé dans ses derniers retranchements. Ceux qui doivent être interrogés sont les officiels. Les vraies victimes sont les habitants des bidonvilles.

Nous ne profitons pas de la Coupe du monde de football pour faire pression sur le gouvernement. Mais nous pensons qu’il serait dans l’intérêt du gouvernement d’impressionner les étrangers en améliorant les conditions de vie des pauvres de ce pays. Je ne vois pas pourquoi quiconque voudrait visiter l’Afrique du Sud dans l’état actuel des choses. Le gouvernement doit veiller sur ses propres citoyens avant de s’occuper des étrangers.”